2015-2016
Pour devenir une sorcière
À l'école des
sorcières
On apprend les
mauvaises manières
D'abord ne
jamais dire pardon
Être méchant et
polisson
S'amuser de la
peur des gens
Puis détester
tous les enfants
À l'école des
sorcières
On joue dehors
dans les cimetières
D'abord à
saute-crapaud
Ou bien au jeu
des gros mots
Puis on
s'habille de noir
Et l'on ne sort
que le soir
À l'école des
sorcières
On retient des
formules entières
D'abord des
mots très rigolos
Comme
"chilbernique" et "carlingot"
Puis de vraies formules
magiques
Et là il faut
que l'on s'applique.
Jacqueline Moreau
La soupe de la sorcière
Dans son chaudron la sorcière
Avait mis quatre vipères
Quatre crapauds pustuleux
Quatre poils de barbe-bleue
Quatre rats, quatre souris
Quatre cruches d'eau croupie
Pour donner un peu de goût
Elle ajouta quatre clous
Sur le feu pendant quatre heures
Ça chauffait dans la vapeur
Elle tourne sa tambouille
Et touille et touille et ratatouille
Quand on put passer à table
Hélas c'était immangeable
La sorcière par malheur
Avait oublié le beurre
Jacques Charpentreau
Au marché des
sorcières
Au marché des sorcières,
On vend de tout un peu,
De verts crapauds baveux
Et des nœuds de vipères ;
On vend des basilics,
À l’œil fixe et glacé
Sous leur lourde paupière,
Des chèvres, des aspics,
Des onguents mystérieux.
On vend de tout un peu,
De verts crapauds baveux
Et des nœuds de vipères ;
On vend des basilics,
À l’œil fixe et glacé
Sous leur lourde paupière,
Des chèvres, des aspics,
Des onguents mystérieux.
Au marché des sorcières,
On vend de gros chats noirs
À queue blanche, à l’œil bleu,
Aux moustaches de feu
Qui s’allument le soir,
Et des chauves-souris
S’agrippant aux cheveux
Chaudrons ! Chauds, les chaudrons !
Les plus vieux, les plus laids !
Voyez mes prix !
Qui n’a pas son balai ?
(…)
On vend de gros chats noirs
À queue blanche, à l’œil bleu,
Aux moustaches de feu
Qui s’allument le soir,
Et des chauves-souris
S’agrippant aux cheveux
Chaudrons ! Chauds, les chaudrons !
Les plus vieux, les plus laids !
Voyez mes prix !
Qui n’a pas son balai ?
(…)
Jacques CHARPENTREAU
À QUOI ÇA SERT, UN POÈME?
À quoi ça sert, un poème?
Ça sert à jouer des mots
comme on joue de la guitare,
de la flûte ou du piano.
Ça sert à faire savoir
qu'on est gai ou qu'on est triste,
ou bien d'humeur fantaisiste.
Ça remplace quelques larmes,
ça fait rire ou ça désarme.
Ça sert à parler de soi,
ou bien de n'importe quoi.
C'est un voyage intérieur,
un moyen d'ouvrir son cœur.
À quoi ça sert, un poème?
Au fond, ça ne sert à rien,
mais ça rend la vie plus belle,
comme un tour de magicien,
un sourire, un arc-en-ciel.
À quoi ça sert, un poème?
Ça sert à dire " Je t'aime ".
À quoi ça sert, un poème?
Ça sert à jouer des mots
comme on joue de la guitare,
de la flûte ou du piano.
Ça sert à faire savoir
qu'on est gai ou qu'on est triste,
ou bien d'humeur fantaisiste.
Ça remplace quelques larmes,
ça fait rire ou ça désarme.
Ça sert à parler de soi,
ou bien de n'importe quoi.
C'est un voyage intérieur,
un moyen d'ouvrir son cœur.
À quoi ça sert, un poème?
Au fond, ça ne sert à rien,
mais ça rend la vie plus belle,
comme un tour de magicien,
un sourire, un arc-en-ciel.
À quoi ça sert, un poème?
Ça sert à dire " Je t'aime ".
Major Henriette
LA PETITE LAMPE
J'allume à ma fenêtre une petite lampe,
une petite lampe bleue comme mon cœur
afin que tous les mots qui traînent dans la nuit
– les mots perdus, les mots blessés,
– les mots ivres de clair de lune,
– les mots amoureux de la brume,
– les bons mots, les mauvais mots,
– les petits et les gros mots,
– les mots qui volent, qui rampent,
– les mots qui luisent, les mots qui chantent,
– les obscurs, les délaissés -
afin que tous les mots de la nuit
sachent qu'il y a ici, au bord du ciel,
la maison d'un poète
qui est prêt à les accueillir
pour les bercer, les réchauffer,
les serrer contre son cœur.
J. Joubert
L’automne
On
voit tout le temps, en automne,
Quelque chose qui vous étonne,
C'est une branche tout à coup,
Qui s'effeuille dans votre cou.
C'est un petit arbre tout rouge,
Un, d'une autre couleur encor ,
Et puis partout, ces feuilles d'or
Qui tombent sans que rien ne bouge.
Nous aimons bien cette maison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.
Quelque chose qui vous étonne,
C'est une branche tout à coup,
Qui s'effeuille dans votre cou.
C'est un petit arbre tout rouge,
Un, d'une autre couleur encor ,
Et puis partout, ces feuilles d'or
Qui tombent sans que rien ne bouge.
Nous aimons bien cette maison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.
Lucie Delarue-Mardrus
Trois
feuilles mortes
Ce
matin devant ma porte,
J'ai trouvé trois feuilles mortes.
J'ai trouvé trois feuilles mortes.
La
première aux tons de sang
M'a dit bonjour en passant
Puis au vent s'en est allée.
M'a dit bonjour en passant
Puis au vent s'en est allée.
La
seconde dans l'allée,
Au creux d'une flaque d'eau
A sombré comme un bateau.
Au creux d'une flaque d'eau
A sombré comme un bateau.
J'ai
conservé dans ma chambre
La troisième couleur d'ambre.
La troisième couleur d'ambre.
Quand
l'hiver sera venu,
Quand les arbres seront nus,
Cette feuille desséchée,
Contre le mur accrochée
Me parlera des beaux jours
Dont j'attends le gai retour.
Quand les arbres seront nus,
Cette feuille desséchée,
Contre le mur accrochée
Me parlera des beaux jours
Dont j'attends le gai retour.
Raymond
Richard
2014-2015
Mon école
Mon école est pleine d’images,
Pleines de fleurs et d’animaux,
Mon école est pleine de mots
Que l’on voit s’échapper des pages,
Pleines d’avions, de paysages,
De trains qui glissent tout là-bas
Ou nous attendent les visages
Des amis qu’on ne connait pas
Mon école est pleine de lettres
Pleine de chiffres qui s’en vont
Grimper du plancher au plafond
Puis s’envolent par les fenêtres
Pleine de jacinthes, d’œillets,
Pleine d’abricots qu’on sème ;
Ils fleurissent chaque semaine
Dans un pot et dans nos cahiers
Ma classe est pleine de problèmes
Gentils coquins quelquefois,
De chansons, de poèmes,
Dont on aime la jolie voix
Pleine de contes et de rêves,
Blancs ou rouges, jaunes ou verts
De bateaux voguant sur la mer
Quand une brise les soulève.
Pierre Gamarra
La
clef des champs
Qui a volé la clef des champs ?
La pie voleuse ou le geai bleu ?
Qui a perdu la clef des champs ?
La marmotte ou le hoche-queue ?
Qui a trouvé la clef des champs ?
Le lièvre vert ? Le renard
roux ?
Qui a gardé la clef des champs ?
Le chat, la belette ou le loup ?
Qui a rangé la clef des champs ?
La couleuvre ou le hérisson ?
Qui a paumé la clef des champs ?
La musaraigne ou le pinson ?
Qui a mangé la clef des champs ?
Ce n’est pas moi. Ce n’est pas
vous.
Elle est à personne et partout,
La clef des champs, la clef de
tout.
Claude Roy
Le
dormeur du Val
C'est un trou de verdure où chante une
rivière
Accrochant follement aux herbes des
haillons
D'argent ; où le soleil de la montagne
fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de
rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson
bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la
nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort.
Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un
somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa
narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa
poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté
droit.
Arthur Rimbaud
L'enfant est mort
Le village s’est vidé de tous ses combattants
Rivé à sa mitraillette dont les rafales de feu viennent
d’achever l’enfant
L’ennemi tremble d’effroi à l’abri d’un vieux mur
Tout est propre autour: le ciel la mer l’été rieur les
pins
L’ennemi
a lancé au loin
par-delà les collines
ses vêtements et son arme
son histoire et ses lois
Pour se coucher en pleurs à deux
pas d’une fontaine sous l’ombre d’un oranger
Près du corps de l’enfant.
Andrée Chédid
Le Rat de ville et le Rat des champs
Autrefois le Rat de ville
Invita le Rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'Ortolans.
Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin ;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.
A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le Rat de ville détale ;
Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt ;
Et le citadin de dire :
Achevons tout notre rôt.
- C'est assez, dit le rustique ;
Demain vous viendrez chez moi :
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi ;
Mais rien ne vient m'interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre.
Invita le Rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'Ortolans.
Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin ;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.
A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le Rat de ville détale ;
Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt ;
Et le citadin de dire :
Achevons tout notre rôt.
- C'est assez, dit le rustique ;
Demain vous viendrez chez moi :
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi ;
Mais rien ne vient m'interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre.
Jean de La Fontaine
(apprise par deux élèves de la classe: Rémy et Lisia)
Un Loup n'avait que les os
et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
"Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
"Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
"Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
"Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
Jean de La Fontaine
Le plat pays
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague,
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues,
Et de vagues rochers que les marées dépassent,
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse.
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent d'ouest écoutez le tenir
Le plat pays qui est le mien.
Avec des cathédrales pour uniques montagnes,
Et de noirs clochers comme mats de cocagne
Ou des diables en pierre décrochent les nuages,
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues,
Et de vagues rochers que les marées dépassent,
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse.
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent d'ouest écoutez le tenir
Le plat pays qui est le mien.
Avec des cathédrales pour uniques montagnes,
Et de noirs clochers comme mats de cocagne
Ou des diables en pierre décrochent les nuages,
Avec le fil des jours pour unique voyage,
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir,
Avec le vent de l'est écoutez le vouloir,
Le plat pays qui est le mien.
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir,
Avec le vent de l'est écoutez le vouloir,
Le plat pays qui est le mien.
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu,
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu,
Avec un ciel si bas qu'il faut lui pardonner.
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler,
Avec le vent du nord écoutez le craquer,
Le plat pays qui est le mien.
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut,
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot,
Quand les fils de Novembre nous reviennent en Mai,
Quand la plaine est fumante et tremble sous Juillet,
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé,
Quand le vent est au sud écoutez le chanter,
Le plat pays qui est le mien.
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu,
Avec un ciel si bas qu'il faut lui pardonner.
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler,
Avec le vent du nord écoutez le craquer,
Le plat pays qui est le mien.
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut,
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot,
Quand les fils de Novembre nous reviennent en Mai,
Quand la plaine est fumante et tremble sous Juillet,
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé,
Quand le vent est au sud écoutez le chanter,
Le plat pays qui est le mien.
Jacques Brel
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